samedi 26 septembre 2009

L’APOCALYPSE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES:Est-il trop tard?


«Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas.»(Proverbe des Indiens Cree du Canada)

Du point de vue des changements climatiques, les pays développés polluent là aussi pour plus de 70%. La pollution se partage globalement en trois secteurs, l’automobile (35%), le résidentiel (30%) et l’industrie-agriculture (35%). Ainsi, à titre d’exemple, 35 millions de voitures sont construites chaque année et qui s’ajoutent au stock des 700 millions de voitures dont 250 millions pour les seuls Etats-Unis (deux voitures pour trois personnes) et à peine 30 millions de voitures pour la Chine (une voiture pour 60 personnes). Chaque année plus de 25 milliards de tonnes de CO2 sont envoyées dans l’atmosphère, ce qui a pour conséquence l’augmentation de la température par effet de serre. D’après les rapports du Giec (organisme spécialisé dans le climat), si on ne fait rien d’ici 2050, l’augmentation de température dépassera les 2°C.
Les simulations de climat sur ordinateur nous montrent qu’il ne faut pas dépasser une teneur de 450 ppm (partie par million) de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Or, nous en sommes déjà à 382, contre 280 avant la révolution industrielle. Le rythme actuel de plus 2 ppm par an résulte de l’émission annuelle de 7 gigatonnes de carbone. Le recours aux énergies renouvelables s’avère comme une nécessité qu’il faut mettre en oeuvre sans plus tarder, car les changements climatiques sont à nos portes et ce sont les pays les plus vulnérables qui vont le plus en pâtir du fait qu’ils n’ont pas les moyens de lutter contre les effets dévastateurs des ouragans, des inondations, de la sécheresse et des maladies qui vont nécessairement se développer.

Le jour du dépassement
La planète est surexploitée et chaque année ce qu’elle met à notre disposition est épuisé bien avant la fin de l’année. «Mardi 23 septembre 2008, ce fut «le jour du dépassement», le earth overshoot day de l’année. La date où la population humaine a épuisé les ressources produites en un an par le mince manteau vivant qui enveloppe la Terre, la biosphère ou écosphère. Depuis, nous allons au-delà de ce que la planète nous offre, de sa biocapacité. Comment identifions-nous ce mardi fatal si précisément? Pour le calculer, Global Footprint Network compare le rythme auquel, chaque année, la nature produit des ressources - aliments, combustibles, etc. - et assimile les déchets, et le rythme auquel l’humanité consomme ces ressources et produit des déchets. Quand nous excédons les possibilités terrestres, nous atteignons «le jour du dépassement». Le premier, selon l’ONG, est tombé le 31 décembre 1986. En 1996, il se situait début novembre. En 2007, le 6 octobre. Aujourd’hui, le 23 septembre. Et dans dix ans? Notre crédit terrestre s’épuise - après le crédit bancaire.». Frédéric Joignot. Sommes-nous trop nombreux? Le Monde 09.01.09
On l’aura compris: le malheur viendra des modes de vie dépensiers occidentaux, des politiques industrielles, des égoïsmes nationaux, de comportements que nous pourrions changer. Selon le rapport 2008 de l’Agence internationale de l’énergie (World Energy Outlook 2008), nous passerons de 700 millions de voitures à 1400 millions qui rouleront encore au pétrole en 2030, émettant plus de 10 milliards de tonnes de C02 qui vont stationner dans l’atmosphère et mettront 120 ans pour disparaître. Cette détérioration de plus en plus accélérée du mode de vie n’a pas jailli du néant. Elle a été consacrée par la nouvelle forme de colonisation du monde appelée indifféremment néocolonialisme ou postcolonialisme. Chems Eddine Chitour: L’Occident et la désymbolisation du monde. Site mille babords 23/12/2006
Au moment où l’Allemagne annonce le démantèlement de ses centrales nucléaires d’ici à 2021, le réchauffement de la planète pourrait plaider paradoxalement en faveur de l’atome. Il ne fait aucun doute que l’uranium consommé par les centrales nucléaires dégage beaucoup moins de CO2 que le charbon, le pétrole ou le gaz. La plupart des écologistes reconnaissent que l’énergie nucléaire répond au moins à l’un des deux critères du MDP, définis par le Protocole de Kyoto de 1997, en ceci qu’elle pourrait effectivement aider les pays industrialisés à réduire de 5% leurs émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2010. Ils soulignent toutefois, qu’elle ne saurait répondre au deuxième objectif déclaré du MDP: aider les PED à parvenir à un développement durable. Les dix pays dont la part d’électricité venant du nucléaire est la plus élevée sont: la France (75%), la Lituanie (73,1%), la Belgique (57,7%), la Bulgarie (47,1%), la Slovaquie (47%), la Suède (46,8%), l’Ukraine (43,8%), la Corée du Sud (42,8%), la Hongrie (38,3%) et l’Arménie (36,4%). Courrier international
Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, se montre extrêmement pessimiste quant à l’issue des négociations de Copenhague sur le climat, en décembre. «Nous avons le pied collé sur l’accélérateur et nous fonçons vers l’abîme», a-t-il déclaré, jeudi 3 septembre, lors de la troisième conférence de l’ONU sur le climat, réunie à Genève. M.Ban, qui revient de l’Arctique, a souligné que la région «pourrait être libre de glace vers 2030» en raison de l’extrême rapidité du réchauffement du pôle Nord. Hervé Kempf - L’Afrique fait monter les enchères avant le sommet de Copenhague - Le Monde 4.09.2009
«Quatre-vingt-dix jours! C’est le temps qu’il nous reste pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre et éviter l’emballement climatique. La communauté scientifique est claire: il faut réduire d’au moins 25% à 40% les émissions d’ici à 2020 dans les pays industriels. Les chefs d’Etat ne contestent plus cette réalité. Les négociations engagées en amont de Copenhague et les déclarations du G8/G20 sont très en dessous du minimum vital. Les premières déboucheraient sur un niveau de réduction des émissions d’ici à 2020 d’au mieux 15% et des engagements financiers très aléatoires en faveur des pays du Sud, les moins responsables mais les plus touchés par les changements climatiques. Les secondes ne s’accordent que sur le seuil de 2°C d’ici à 2050! Trois mois, c’est le temps qu’il reste pour obtenir un accord responsable à Copenhague avec des échéances à court terme pour contraindre les signataires à l’action immédiate, des financements pour les pays du Sud à hauteur de notre responsabilité et de leurs besoins et des transferts de technologies propres. Trois mois pour faire rimer protection du climat avec économies d’énergie, énergies renouvelables et solidarité internationale. Yannick Jadot: «Stop aux mythes d’un nucléaire propre et d’un charbon non polluant» Terra economica - Le 31/08/2009
Les systèmes naturels et humains sont vulnérables à l’évolution du climat en raison de leur capacité d’adaptation limitée. Certains phénomènes météorologiques extrêmes devraient augmenter en fréquence et/ou en intensité; leurs conséquences (pertes en vies humaines, dommages matériels...) suivront la même tendance. Du point de vue humain, il faut s’attendre à des pertes économiques importantes (récoltes moins abondantes...), surtout dans les régions les plus pauvres.

Les grands perdants
Une étude publiée le 2 septembre par Maplecroft, un cabinet britannique d’expertise des risques globaux, montre que les pays les plus exposés à un «risque extrême» du fait du réchauffement global, sont la Somalie, Haïti, l’Afghanistan et la Sierra Leone. Des vingt-huit pays exposés à un «risque extrême», vingt-deux sont situés en Afrique subsaharienne. A Manille, le 2 septembre, la Banque asiatique de développement a, de son côté donné les résultats d’une enquête concluant que la fonte des glaciers de l’Himalaya du fait du réchauffement menace la sécurité alimentaire et la disponibilité en eau des 1,6 milliard d’habitants d’Asie du Sud. La moitié des personnes en situation de «pauvreté absolue» dans le monde vivent dans cette région. Prenant la parole à l’ONU au nom des petits Etats insulaires, le président de la République des Maldives Mohamed Nasheed, a dénoncé les promesses non tenues. «Nous continuerons de jouer notre rôle de canari dans la mine» mais aussi «de montrer le chemin vers la sortie», a-t-il dit. A New York, le 1er septembre, Rob Vos, directeur du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a jugé que «si l’on ne réduit pas les émissions de GES de façon significative, les dommages causés à l’économie des pays pauvres seront dix fois supérieurs à ceux enregistrés dans les pays développés». Selon lui, il faudrait investir chaque année dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, de l’ordre de 1% du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit plus de 500 milliards de dollars. Ces constats conduisent les pays les plus pauvres, notamment africains, à demander une contribution forte des pays industrialisés. Pierre Radanne, consultant en énergie et ancien président de l’Ademe en France constate: «Pour l’instant nous sommes dans l’impasse. Au départ, il y avait cinq voies d’entrée possibles. La première voie consistait à suivre quelques grands engagements - pas d’augmentation de plus de 2°C, division par deux des émissions et réduction des émissions de 80 à 85% pour les pays industrialisés d’ici à 2050. Cette voie avait le soutien des scientifiques, des grandes ONG, de l’UE. Mais son échec était prévisible. On ne peut pas appeler à diviser les émissions de gaz à effet de serre sans garantir aux pays du Sud une aide au développement. A Rio [Sommet de la Terre qui s’est tenu en 92], on leur avait fait des promesses qui n’ont pas été tenues. Les transferts de technologie par exemple n’ont pas eu lieu. (...)» Pierre Radannes: Avant-Copenhague: l’impasse? Karine Le Loët www.planete-Terra aout 2009 La kermesse de New York
«La menace représentée par le changement climatique est grave, elle est urgente, et elle grandit», a déclaré le président américain, mardi 22 septembre, devant des dizaines de dirigeants du monde entier réunis à l’ONU à New York pour tenter de sortir de l’ornière les discussions sur le réchauffement climatique. Les générations futures vont à une «catastrophe irréversible» si la communauté internationale n’agit pas «audacieusement, rapidement et ensemble», a-t-il prévenu. «Nous comprenons la gravité de la menace climatique. Nous sommes déterminés à agir. Et nous honorerons nos responsabilités à l’égard des générations futures.» «Mais les pays à la croissance rapide, qui seront à l’origine de quasiment la totalité de l’augmentation des émissions mondiales de gaz carbonique dans les décennies à venir, doivent également faire leur part du travail.» Le président chinois Hu Jintao s’est engagé à réduire «notablement» la croissance des émissions de gaz à effet de serre de son pays d’ici à 2020 - comparativement à 2005. «Nous allons vigoureusement développer les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire», a-t-il ajouté dans une intervention très attendue. «Nous allons accroître la part des énergies non fossiles dans la consommation du pays à environ 15% d’ici à 2020.» La Chine est devenue globalement le premier émetteur de CO2. Par habitant, l’Américain pollue 7 fois plus que le Chinois Ces deux pays comptent ensemble pour 40% des émissions mondiales Climat: Etats-Unis et Chine affichent leur détermination, Le Monde.fr avec AFP 22.09.09
Cela n’a pas empêché que chacun essaie de trouver la parade en jouant à un poker menteur où chacun attend que l’autre dévoile ses cartes. Malgré les envolées lyriques à l’ONU Inexorablement, l’Europe à travers ses directives est en train de verrouiller ses frontières par des taxes énergétiques qui s’apparentent à un protectionnisme déguisée. La menace vise les pays émergents, notamment la Chine et l’Inde. Il est vrai que l’Union européenne s’est engagée à réduire de 20% ses émissions de CO2 d’ici à 2020, voire de 30% s’il existe un accord global à Copenhague. «Il ne serait pas acceptable que les efforts des pays les plus ambitieux soient compromis par les fuites de carbone qui résulteraient de l’absence ou de l’insuffisance d’actions de certains», indique la lettre franco-allemande. «Pour cette raison, il doit être possible de mettre en place des mesures d’ajustement appropriées visant les pays qui ne respecteraient pas cet accord ou n’en feraient pas partie.» Alexandrine Bouilhet Paris et Berlin demandent une taxe carbone aux frontières-le figaro.fr 18/09/2009
Deux études montrent que le Sahara peut contribuer à sauver la planète. D’abord l’initiative allemande «Desertec» à laquelle s’est associé le groupe Cevital, ambitionne de réaliser une série de centrales solaires pour produire de l’électricité. Une autre étude faite aux Etats-Unis sur le Sahara montre qu’il peut reverdir, avec une pluviométrie de 750 0 1500 mmHg avec en prime une contribution à la diminution de la température du globe qui peut atteindre 6°C. Pour cela, il est nécessaire de ramener de l’eau douce en surface ou dessaler de l’eau de mer grâce à l’énergie solaire. En son temps, l’idée d’El Gueddafi de créer une mer intérieure n’était pas, une fois n’est pas coutume, aussi loufoque que l’on pensait. L’Algérie devrait étudier sérieusement ces options. Il serait dangereux pour le pays de ne miser que sur le gaz naturel pour produire de l’électricité. Jacques Chirac s’inquiétait à juste titre de l’inertie des nations développées face à l’imminence des changements climatiques: «La maison brûle et on regarde ailleurs.» C’était il y a dix ans. Depuis, 200 milliards de tonnes ont été envoyées dans l’espace et seront encore là dans un siècle. On aurait pensé que devant la réelle menace climatique qu’avec l’avènement de Barack Obama, la planète allait enfin respirer; cruelle désillusion, les calculs bassement matériels de chacun des grand pollueurs et l’intransigeance d’un Congrès bushien ont fait que nous sommes plus que jamais loin d’un développement. Est-ce le début de l’Apocalypse pour les damnés de la Terre?

Pr Chems Eddine CHITOUR
Source: http://www.lexpressiondz.com/article/8/2009-09-26/67882.html

vendredi 7 août 2009

L’enjeu de l’eau dans les pays riverains de la Méditerranée

La question de la disponibilité de l’eau figure parmi les principaux défis auxquels les sociétés méditerranéennes sont confrontées. La pénurie traditionnelle de la ressource en eau dans la plupart des pays du sud de la Méditerranée, les tensions et conflits nés du partage des eaux entre les Etats, la pression accrue des besoins telle qu’elle résulte en particulier de la croissance démographique rendent plus que jamais nécessaire la recherche de solutions fondées sur le partage des expériences, la mise en commun des savoirs techniques et la coopération internationale et particulièrement euro-méditerranéenne.




Ces batailles pour « l’or bleu sont peut-être en passe de remplacer les chocs pétroliers des années 1970 ». Certains experts s’aventurent même à prédire que les grandes migrations forcées des décennies à venir trouveront leur origine dans un « stress hydrique devenu insupportable ». Demain, « des réfugiés de l’eau ? » Quelle gestion, équitable et respectueuse de l’environnement, faut-il mettre en place pour que chacun puisse avoir accès à cette ressource naturelle, indispensable à la vie ? Comment en réduire la surconsommation ? Comment en repartir la distribution et comment la préserver des risques de pollution ... ? Telle est la problématique à résoudre aujourd’hui. Dans ce dossier, j’aborderai la question cruciale de l’eau dans l’espace Méditerranée. Cette ressource vitale et nourricière de l’humanité et de la nature, connaît une tension dramatique dans la rive sud de la Méditerranée et au Moyen-Orient. Les principales causes sont la sécheresse et une démographie galopante. Les pays de la rive nord de la Méditerranée devront en revanche, partager leurs expériences pour donner une sérieuse impulsion à la coopération dans sa gestion équitable et durable. Ce qui exige de l’imagination tant au niveau technique que politique. C’est pourquoi j’ai jugé utile de diviser mon plan en deux (2) parties :
Partie A : contexte d’une crise qui englobe
Les contraintes climatiques et démographiques. - Les besoins économiques croissants.
1 L’or bIeu : L’Eau, le grand enjeu du XXIe siècle, écrit par Maude Barlow et Tony Clarke.
Partie B : Géopolitique de l’eau
1- Une source de conflits au Proche-Orient
2- Perspectives d’avenir Et enfin une conclusion dans laquelle je considère que l’eau devrait être un vecteur de paix et c’est à ce défi que les pays devront travailler tous ensemble afin de perpétuer les promesses offertes par les civilisations méditerranéennes depuis l’Antiquité.

Partie A : contexte d’une crise
Chapitre 1 : contraintes climatiques et démographiques
1- Contraintes climatiques
Si un trait caractérise bien le bassin méditerranéen, c’est celui du climat. Le climat méditerranéen relève de la catégorie des climats tempérés chauds. Son originalité tient en sa position moyenne en latitude (entre 30 et 45°) (2) sur les façades occidentales des continents. De ce positionnement géographique découle une alternance saisonnière marquée, liée à la jonction de deux masses d’air aux caractéristiques bien identifiées ; l’air tropical chaud et sec et l’air polaire, froid et humide. En hiver, ce dernier se dilate vers le sud et les dépressions du fond polaire parcourent, d’ouest en est, les régions méditerranéennes. Au contraire, durant l’été, l’air tropical reprend le dessus, imposant durant plusieurs mois, chaleur et absence de précipitations. La mer, masse d’eau tiède ou chaude joue également son rôle de tempérance thermique. On peut reprendre là la classification posée par le géographe E. de Martonne. Celui-ci distingue un climat portugais caractérisé par une sécheresse courte et modérée, avec des précipitations convenables ; d’un climat hellène où la période de sécheresse est nettement plus longue.

Le premier concerne une bonne partie de l’Ibérie dite sèche, la portion méditerranéenne du sud français, la péninsule italienne, hors les Apennins, une bande de terre large d’une centaine à une dizaine de kilomètres, à partir de la côte dalmate et au Maghreb, de Tanger à l’est d’Alger. Le climat hellène se retrouve en Grèce comme son nom le laisse supposer, mais concerne aussi le sud de l’Italie, la Calabre et les Pouilles, la Turquie, sauf dans sa partie la plus continentale, l’Anatolie, le Maghreb au-delà de l’Algérois, jusqu’au cap Bon. Une rapide comparaison entre les villes de Marseille et d’Athènes permet de visualiser les différences les plus évidentes entre ces deux climats méditerranéens. En ce qui concerne le pourtour de la Méditerranée, tout incline à croire que nous allons dans le sens d’une aggravation des sécheresses, de l’aridité mais aussi de l’irrégularité des précipitations, avec notamment un accroissement de leur violence. En Algérie, comme ailleurs dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, les ressources en eau sont caractérisées par leur rareté et leur inégale répartition dans l’espace et dans le temps.

2 L’eau autour de la Méditerranée, Philippe Dugot. Page 14. Ce contexte naturel défavorable est accentué par des cycles de sécheresses prolongés et qui durent d’ailleurs, pour l’Algérie, depuis plus de trois décennies. Le tableau climatique du bassin méditerranéen peut se résumer en un mot : l’irrégularité ; irrégularité entre les saisons et irrégularité entre les années. Si on ajoute à cela l’intensité élevée des précipitations et la concomitance entre saison chaude et saison sèche, il est aisé de comprendre que le facteur climatique pèse d’un poids très lourd dans le problème de l’eau, obligeant à prévoir et donc à aménager.

2- Démographie galopante

Les pays du sud et de l’est de la Méditerranée (PSEM) après une croissance démographique explosive semblent être résolument entrés dans la transition démographique. Avec les nuances selon les pays (de façon plus précoce en Tunisie et plus tardive en Algérie), tous connaissent une diminution significative de la fécondité. La baisse de fécondité ne va donc avoir des effets qu’à moyen terme sur la croissance de la population. Cette dernière va continuer de s’accroître. Si aujourd’hui on peut estimer la population des pays bordiers de la Méditerranée à 440 millions, il ne faut jamais perdre de vue que d’ici à 2025, ce total devrait augmenter d’environ 100 millions ; dans cette augmentation, la part des PSEM sera déterminante puisque leur poids dans la population du bassin passera d’un peu plus de 50% en 1999 à plus de 60% en 2025.(3) Rien de dramatique ne peut-on rétorquer surtout au regard des prévisions catastrophiques qui ont pu être faites ..., sauf que cette croissance démographique va se surimposer à une situation d’indigence déjà prononcée et dans un contexte où l’abondance des uns est de plus en plus visible, rendant la situation d’autant plus inacceptable pour les plus pauvres. Le fait démographique conduit donc à une aggravation incontestable du problème de l’eau dans les prochaines décennies, et ce, dans tous les PSEM. Au Nord comme au Sud, cette croissance démographique profite pour l’essentiel aux villes. Aujourd’hui, le taux d’urbanisation est supérieur à 50% dans tous les pays bordiers (sauf peut-être en Egypte, mais cela est aussi dû à une définition fort restrictive de l’urbain) et en 2025, les villes devraient rassembler 75% de la population totale des régions méditerranéennes. Si le long des côtes européennes, au moins dans le bassin occidental, cette croissance urbaine signifie et entretient un dynamisme économique, il n’en va pas de même dans les pays du Sud.

3 L’eau autour de la Méditerranée, Philippe Dugot, page 27. La croissance des villes y est liée à un solde naturel et un solde migratoire positif qui reflète davantage la crise du monde rural que sa modernisation ou le besoin de main-d’œuvre en ville. De telles mutations démographiques ont considérablement accru la demande en eau. C’est donc un double défi qui se pose pour tous les responsables : comment nourrir une population en constante augmentation ? Comment satisfaire une demande urbaine qui grandit de façon exponentielle ?

Chapitre 2 : les besoins économiques croissants
1- L’eau comme seule voie de l’intensification agricole L’agriculture, avec plus de 125 milliards de mètres cubes, absorbe 85% des eaux disponibles. Ce pourcentage est énorme et dépasse de beaucoup la moyenne mondiale (69%). Il résulte de la double contrainte climatique et démographique qui pèse sur les économies agricoles. L’irrigation est nécessaire pour prolonger l’année agricole ou tout simplement pour autoriser la culture notamment dans les espaces désertiques. Par ailleurs, la demande alimentaire d’une population en plein essor et en processus d’urbanisation est en constante augmentation. L’intensification grâce à l’irrigation est la seule réponse qui a été apportée, même si dans certains cas l’intensification des cultures en sec aurait été possible. L’espace agricole est très restreint et beaucoup de terres marginales sont déjà malheureusement cultivées. Les politiques engagées par les Etats de la région pour la mobilisation des eaux ont été de grande ampleur. Elles ont mis l’accent sur l’équipement en hydraulique avec la construction de grands barrages. Les modalités ont varié selon les ensembles territoriaux et les conditions naturelles.
On peut distinguer les types de situation :
Au proche et au Moyen-Orient, le cas de figure quasi-unique est celui de l’aménagement des grands fleuves allogènes qui traversent la région.
Le plus gigantesque est le barrage d’Assouan sur le Nil, inauguré en 1971 et qui fournit 60 milliards de mètres cubes /an.
L’équipement du Tigre et de l’Euphrate est sur le point de s’achever.
Les pays du Maghreb ont fait également de grands efforts de mobilisation des eaux pour l’irrigation selon des modalités différentes, car on ne rencontre pas d’organismes fluviaux comparables. Le modèle est celui du barrage de retenue, auquel est associé un périmètre d’irrigation. Plus de 140 grands barrages offrent une capacité de stockage de 16 km3. L’effort est particulièrement net au Maroc qui, avec 85 barrages, stocke les % des disponibilités maghrébines. L’effort est soutenu en Tunisie, alors que l’Algérie accuse un incontestable retard.
Enfin, dernière modalité de mobilisation des eaux, celle de la Libye qui, à l’instar de la péninsule Arabique, puise abondamment dans les eaux fossiles du Sahara, acheminées sur le littoral méditerranéen par la « grande rivière artificielle ». Malgré ces efforts incontestables, les objectifs fixés à l’agriculture sont loin d’être atteints. La sécurité alimentaire est loin d’être assurée. La production agricole n’a pas progressé au rythme des extensions de l’irrigation.
2- Développement industriel et touristique Là encore l’eau apparaît comme un fluide irremplaçable dans nombre de process industriels. Elle est très souvent utilisée pour le refroidissement des installations. Dans un pays comme la France, plus de 60% de toute l’eau prélevée l’est dans le cadre du refroidissement des centrales thermoélectriques, principalement nucléaires. A titre d’illustration, on peut rappeler ici les niveaux de consommation jugés nécessaires pour quelques productions :
10 l d’eau sont nécessaires pour raffiner 1l de pétrole. 250 000 l d’eau pour 1 tonne de pâte à papier.
270 000 l d’eau pour 1 tonne d’acier. L’essor industriel est réel et devrait se renforcer, car étant encore perçu comme un palier indispensable au développement. On recense de grands pôles industriels urbains au Nord (Marseille, Barcelone, Gênes, la plaine du Pô, Valence, etc.) Mais aussi au Sud, plus récents (Alger, Tunisie, Alexandrie, Izmir, etc.). Nombreux sont les Méditerranéens qui ont mis en place des politiques volontaristes d’industrialisation. Divers PSEM ont également eu des velléités de construction d’un appareil industriel puissant en adhérant notamment au credo des industries industrialisantes. Ce fut le cas de l’Egypte et de l’Algérie avec là encore des résultats pas toujours probants. Parmi l’ensemble des activités industrielles, le traitement des hydrocarbures mérite d’être isolé car ayant suscité d’importants sites dans les PSEM et les régions méridionales des pays du Nord. Mentionnons les installations d’Arzew, de Skikda en Algérie, de Bizerte en Tunisie, de Ras Lanouf, de Marsa El Brega et de Tobrouk : en Libye, de Suez en Egypte, de Mersin et d’Iskenderun en Turquie mais aussi de Catane, d’Augusta et de Gela en Sicile ou d’Algesiras et de Carthagène en Espagne . Si à cet appareil industriel on ajoute la myriade de petits établissements manufacturiers qui existent dans les pays méditerranéens, l’industrie apparaît en définitive comme un utilisateur d’eau non négligeable. En plus des usages domestiques liés aux besoins de la population résidante, l’eau potable distribuée est également sollicitée par les touristes. Les aménités climatiques et un riche passé historique se conjuguent pour faire du bassin méditerranéen l’un des espaces touristiques majeurs du monde. Avec 250 millions de visiteurs nationaux et internationaux, dont 150 millions de touristes internationaux, les pays du bassin méditerranéen, au début des années 90, totalisent 30% des flux touristiques mondiaux, faisant du bassin la première destination touristique mondiale. Les pays de la rive nord se taillent la part du lion (France, Espagne, Italie). Le tourisme constitue une activité pourvoyeuse de devises. L’Algérie, la Libye et la Syrie, parmi les pays PSEM n’ont toujours pas manifesté de velléités de développement du secteur touristique.

Partie B : Géopolitique de l’eau
Chapitre 1 : une source de conflits au Proche-Orient
1- La guerre de l’eau : Le problème de l’insuffisance des ressources en eau au Proche-Orient en général, en Palestine et en Israël en particulier, a incité les observateurs à affirmer que l’eau sera la cause de la prochaine guerre dans la région. Un tel scénario peut paraître éloigné de la réalité étant donné que les guerres actuelles sont encore essentiellement motivées par la volonté de s’emparer de territoires et, de plus en plus, des ressources pétrolières, comme nous avons pu le constater avec l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. Cependant, étant donné les taux de croissance démographique élevés de la région et les problèmes de sécheresse que celle-ci connaît, tout effort visant à réduire les tensions et à parvenir à un véritable règlement de paix devra s’attaquer obligatoirement au problème de l’accès à l’eau. L’inégalité d’accès à cette ressource et de sa consommation entre Israéliens et Palestiniens est d’une injustice de plus en plus criante. Un Israélien consomme environ 4 fois ce que consomme un Palestinien. Les colons israéliens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, qui s’offrent le luxe des piscines, consommeraient 600 litres d’eau par jour tandis que les Palestiniens en consomment moins de 100 litres, chiffre qui correspond au besoin minimum estimé par L’OMS. (5).Depuis la construction du mur israélien, la situation n’a fait qu’empirer. Israël a rendu inutilisable une cinquantaine de puits, empêché l’approvisionnement en eau de villages palestiniens et détruit des conduites d’eau et autres infrastructures connexes. Les responsables israéliens, qu’ils appartiennent au Likoud ou au Parti travailliste, utilisent depuis longtemps les ressources en eau situées dans les territoires palestiniens comme prétexte pour conserver les territoires occupés. Ainsi, lorsqu’on essaie de comprendre la nature du conflit au sujet de l’eau et des moyens de le résoudre, il est important, non seulement de déterminer la nature des ressources en eau disponibles et d’envisager la manière de les partager, mais il faut aussi analyser les intérêts territoriaux d’Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et examiner comment le droit international et les accords de paix signés jusqu’ici abordent la question d’une répartition « équitable et raisonnable » de l’eau.
5 L’Atlas mondial de l’eau, Salif Diop et Philippe Rekaze Kacewicz, page 51. Les conflits liés aux grands barrages ne s’arrêtent pas aux provinces, mais peuvent également faire l’objet de guerres entre pays. Le Tigre et l’Euphrate, les grands fleuves qui alimentent l’agriculture de la Turquie, de la Syrie et de l’Irak depuis des milliers d’années, ont fait l’objet de plusieurs grands conflits entre ces trois pays. Les deux fleuves prennent leurs sources en Turquie, dans l’est de l’Anatolie, et ce pays dispose d’une souveraineté absolue sur les eaux de son territoire. La position turque est la suivante : « L’eau nous appartient autant que le pétrole de l’Irak lui appartient. » Le barrage Atatürk est au centre du projet de développement du sud-est anatolien Great Anatolien Project (GAP). Ce barrage achevé en 1990, achemine de l’eau vers la plaine de Harran, dans le sud-est de la Turquie, par un tunnel de 26 km de long. On prévoit une intensification du conflit entre l’Irak et la Turquie à mesure que cette dernière tente de faire progresser son projet de 32 milliards de dollars, consistant à ériger 22 barrages sur l’Euphrate pour permettre l’irrigation de 1,7 million d’hectares de terre. Si deux barrages opérationnels venaient s’ajouter au barrage Atatürk, l’Irak perdrait 80 à 90% de sa part des eaux de l’Euphrate. Les projets de développement de l’eau sur l’Euphrate ont causé des conflits armés entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et les Kurdes. En 1974, il y a eu des incidents entre la Syrie et l’Irak. Le PKK a menacé de taire sauter le barrage Atatürk.
2- Une répartition inéquitable : L’usage de l’eau conditionne largement les relations entre Israël et ses voisins. L’Etat hébreu, dont les ingénieurs et les agriculteurs ont réalisé des promesses en faisant « fleurir le désert » n’a guère de ressources propres en eau. Il dépend, d’une part des nappes phréatiques situées en partie ou en totalité en Cisjordanie, d’autre part du Jourdain, fleuve frontière, qui alimente le lac de Tibériade. Or, des quatre rivières dont la réunion forme le Jourdain, une seule, le DAN, prend sa source en Israël, le Yarmouk et le Banias en Syrie, le Hasbani dans le Sud-Liban. En 2001, les Israéliens ont menacé de bombarder le canal de dérivation des eaux du Hasbani, tout nouvellement construit. Aujourd’hui, plus de 60% de l’eau consommée par les Israéliens, notamment pour l’irrigation agricole, sont prélevés dans les territoires palestiniens occupés par Israël, en particulier en Cisjordanie et une grande partie des installations hydrauliques sont situées hors des frontières d’avant 1967. Située en aval du lac de Tibériade, au niveau duquel Israël prélève les eaux du Jourdain supérieur, la Jordanie dépend de fait de son voisin. Elle se trouve dans une situation de pénurie tout aussi critique ; à Amman, l’eau ne coule au robinet que 3 jours par semaine. Les territoires palestiniens ne sont pas moins assoiffés. L’eau entièrement sous le contrôle d’Israël, est très inégalement repartie. La question de l’eau a jusqu’à présent été reportée aux négociations finales, toujours repoussées. Elle constitue une redoutable bombe à retardement.
Chapitre 2 : l’avenir
1- La préservation de l’eau : La crise de l’eau est grave et l’humanité ne peut se permettre de la négliger. Les dirigeants politiques devront redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les politiques et pratiques susceptibles d’assurer l’avenir de la planète. La stratégie la plus importante consiste à préserver les ressources hydriques et à régénérer les eaux polluées. Elle requiert, de la part des citoyens du monde, un changement d’attitude radical à l’égard de l’eau. Autrement dit, les êtres humains doivent cesser de s’imaginer que l’eau est une ressource inépuisable qu’ils peuvent gaspiller afin de satisfaire tous leurs besoins et caprices. Ils vont devoir modifier leurs habitudes et satisfaire ces besoins en fonction des ressources hydriques disponibles. Grâce à certaines techniques éprouvées et accessibles, l’agriculture pourrait réduire sa consommation d’eau de 50%, l’industrie de 90% et chaque agglomération urbaine d’un tiers, sans que la production économique ou que la qualité de vie en soient le moins du monde sacrifiées.

Des spécialistes de l’environnement ont décrit de façon détaillée les techniques et les pratiques qui permettraient de diminuer la consommation d’eau dans le domaine de l’agriculture. Les énormes subventions accordées pour l’irrigation des cultures non durables sur des terres arides doivent être supprimées. Seules les terres riches en eau devraient être utilisées pour les cultures vivrières avides d’eau. En outre, les preuves que l’élevage intensif nuit aux ressources hydriques, aux animaux et aux être humains sont de plus en plus nombreuses et indiscutables. Par conséquent, il faut bannir, ou du moins réglementer sévèrement, ce type d’élevage. Il faut aussi interdire l’usage des pesticides, d’herbicides, d’antibiotiques de nitrates et d’engrais chimiques, ou exiger que cet usage soit soumis à un contrôle draconien. Les ressources hydriques existantes ne permettent pas une agriculture de type industriel. Il faut donc appeler tous les gouvernements à légiférer pour la contrecarrer. Il faut également créer des programmes internationaux favorisant les cultures et l’élevage à petite échelle. Dans les pays méditerranéens et partout dans le monde, les pertes d’eau massives attribuables à de mauvaises méthodes d’irrigation pourraient être facilement et considérablement réduites. Il suffit d’avoir recours à des techniques nouvelles et plus efficaces, à une meilleure gestion et à des pratiques agricoles écologiques, dont l’irrigation au goutte-à-goutte et l’utilisation d’arroseurs permettent d’économiser l’eau. Les systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte distribuent l’eau directement au pied ou à la racine de la plante, ce qui évite l’évaporation. Avec la méthode habituelle, 80 % de l’eau distribuée ruisselle et s’évapore. A l’heure actuelle, le système de goutte-à-goutte n’est employé que sur 1 % des terres irriguées de la planète.

Pour les centaines de milliers de fermiers et paysans pauvres autour de la Méditerranée (Sud et Moyen-Orient) l’irrigation au goutte-à-goutte et d’autres techniques conçues pour des petites exploitations représentent les seuls moyens d’assurer une distribution d’eau équitable et durable. De ce fait, on considère de plus en plus que la production agricole à petite échelle pratiquée par le cultivateur est un exemple à suivre en matière d’économie d’eau. Conjuguées aux méthodes d’irrigation plus écologiques, les solutions à la crise de l’eau doivent aussi se fonder sur un rejet beaucoup plus ferme des projets de grands barrages et de détournements de cours d’eau. Les rivières et les fleuves qui coulaient autrefois vers la mer doivent être libérés afin que leurs eaux puissent enrichir les bassins hydrographiques et offrir un habitat propice à la vie aquatique. Cette régénération prendra des années, mais la nature fera sa part si on met fin à la construction de barrages. La protection de la nature et le développement des sociétés humaines relèvent d’une démarche globale axée sur la coopération locale, régionale et internationale. Le respect de la nature doit devenir le principal objectif du mouvement mondial pour la préservation de l’eau. Enfin il est indispensable d’obéir à une loi fondamentale de la nature : le rythme d’extraction de l’eau provenant d’une nappe souterraine ne peut dépasser celui de son renouvellement naturel, sinon nos enfants connaîtront une pénurie totale d’eau. En matière d’eau douce, la loi de la nature est claire, l’extraction ne peut excéder le renouvellement.
2- Les droits fondamentaux : L’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’ONU a marqué un tournant décisif dans le long cheminement effectué par la communauté internationale pour défendre la primauté des droits de l’homme et du citoyen sur toute forme de tyrannie politique ou économique. Pourtant, un demi-siècle plus tard, un bon milliard de personnes se voit encore refuser l’exercice d’un des droits fondamentaux garantis dans le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels : le droit de disposer de l’eau potable. Au cours des cinquante dernières années, les droits du capital privé se sont élargis de façon exponentielle, alors que les droits des pauvres n’ont cessé de régresser sur l’échiquier politique. Ce n’est pas par hasard que l’appauvrissement des ressources hydriques partout dans le monde s’est produit en même temps que la croissance du pouvoir des entreprises transnationales et d’un système financier mondial responsable de la dépossession des collectivités, des peuples autochtones et des petits fermiers. La sécurité hydrique et écologique de la planète et de l’humanité est totalement incompatible avec la vente de l’eau au plus offrant sur le marché libre. Si les citoyens perdent toute emprise sur ce précieux bien commun, ils ne pourront pas non plus instaurer les conditions propices à sa conservation et à son partage équitable.

Les mouvements populaires en faveur de la préservation de l’eau doivent absolument mettre l’accent sur l’instauration de droits fondamentaux sur l’eau pour tous. Cette ferme position exige qu’ils s’opposent avec vigueur à la privatisation des réserves mondiales d’eau douce. Les Etats doivent comprendre qu’il est de leur responsabilité de protéger les ressources hydriques et de fournir de l’eau à tous les citoyens, car il s’agit là d’un droit fondamental. Certes, il ne faut pas écarter la possibilité que les Etats facturent la consommation d’eau dans le but d’éviter le gaspillage. Mais cette pratique ne peut pas relever que d’un système public dont les recettes serviront non pas à enrichir les actionnaires et les PDG, mais à régénérer l’eau, à réparer les infrastructures et à construire des réseaux d’accès universel à l’eau. En ce début du 21e siècle, l’eau est au cœur de l’avenir économique et de la stabilité des sociétés des pays de la rive sud de la Méditerranée. L’enjeu est de taille. La continuation de l’impasse meurtrière dans le conflit israélo-arabe due à la politique du gouvernement Israélien ; une politique de création de nouveaux faits accomplis (colonisation, expropriation des terres, mur de séparation, génocide de Gaza) rend un règlement des questions de l’eau plus difficile, même si à l’avenir un règlement du conflit s’avère probable. Mais ce qui est impératif, c’est d’avoir la volonté de compromis, la sagesse et la vision futuriste ; on a tout à gagner dans la coopération et on a tout à perdre ou bien à ne pas gagner assez en l’absence de coopération. L’idée de coopération régionale n’est plus un choix idéologique ou un luxe politique, c’est plutôt une nécessité stratégique de survie. Mais qui dit coopération régionale dans ce secteur, comme dans d’autres, dit aussi règlement global et juste du conflit israélo-arabe.

Cette crise de l’eau qui accable aujourd’hui les peuples du sud de la Méditerranée sera peut être à l’origine de la paix mondiale. Alors, grâce à ses efforts, l’homme reconnaîtra que les eaux sacrées de la vie sont le patrimoine commun de la terre et de toutes les espèces et que ce patrimoine doit être préservé pour les générations futures.

Par M. Zouaoui Mourad

L’épandage des crues: Le génie des pharaons dans la gouvernance des eaux de surface dans le désert

L’irrigation parait avoir une ancienneté égale à celle des premières sociétés humaines. On peut suivre ses traces dans les traditions des peuples primitifs qui se fixèrent soit en Mésopotamie et toute l’Asie, soit au nord de l’Afrique et notamment en Egypte, soit au midi de l’Europe. Des régions où, d’après les principales croyances, s’est trouvé placé le berceau de la grande famille humaine.
Près de dix mille ans avant notre ère, l’art de corriger les inconvénients d’un climat sec et chaud, à l’aide des irrigations était déjà connu et exercé avec succès. Les égyptiens occupèrent les premiers rangs parmi les nations qui, anciennement, ont opéré la submersion des terres grâce à l’épandage des crues, comme moyen d’irrigation et de fertilisation (fertigation), approprié au terroir. Cette pratique, concentre à elle seule, toutes les opérations d’irrigation, allant du stockage d’eau en passant par la canalisation jusqu’à la submersion. Cette entreprise placée dans des conditions éminemment favorables et effectuée sur une très grande échelle, a permis la vie prospère dans le désert de plusieurs dynasties pharaoniques. Ce fut là, les premiers pas de ces peuples de l’antiquité qui allèrent d’abord apprendre comment les mêmes eaux, qui sont si souvent ,pour l’agriculture, un fléau dévastateur, peuvent devenir pour elle un puissant élément de prospérité. En Algérie ce sont tout particulièrement les autochtones du M’zab et de la Saoura, qui vivaient depuis très longtemps de l’épandage des crues.

Aujourd’hui, la superficie qui bénéficie de cette technique est estimée à environ 110 000 ha. Les historiens nous font connaître les gigantesques travaux établis dans l’ancienne Egypte des temps les plus reculés pour mettre en réserve les eaux qui devaient entretenir, dans les plaines du Delta, cette fertilité extraordinaire dont il parait qu’aucune autre contrée n’a jamais offert d’exemple. Les premiers rois de ce pays, en rectifiant et en creusant le cours du Nil sur une très grande longueur, en élevant des digues longitudinales et transversales, avaient créé un système admirablement rentable pour une large distribution d’eau. Mais, il est essentiel de remarquer qu’un nombre considérable de vastes réservoirs associant dépressions naturelles et lacs artificiels, faisait la principale valeur de cette œuvre colossale. Indépendamment du lac Moeris, ouvrage colossal (12 000 ha), créé de main d’homme, aux temps les plus reculés, pour mettre en réserve à l’usage de l’irrigation, un énorme volume des eaux du Nil (2 milliards de mètres cubes d’eau), destiné à subvenir au cas où la crue ordinaire de ce fleuve ne serait pas assez abondante, plusieurs autres réservoirs artificiels, de la même ancienneté accompagnaient le cours supérieur et moyen du Nil.

Depuis les montagnes de la Nubie jusqu’aux plaines de la basse Egypte, ils constituaient ·le plus magnifique aménagement hydro- agricole qui ait jamais existé. Les principaux étaient ceux de Memphis, de Méroé, de Copthos, d’Hermontis etc. Ils occupaient des vallons entiers ayant de vastes superficies et contenant jusqu’à 2 millions de m3 d’eau que l’on pouvait rendre disponible au fur et à mesure que le besoin s’en faisait sentir. L’abondance remarquable ainsi que le retour périodique et régulier des crues annuelles du Nil, la faculté de répandre et de diriger à volonté ses eaux, sur de vastes plaines de la basse Egypte, au moyen de digues modestes, ont été, depuis un temps immémorial, les causes déterminantes de grands résultats ainsi obtenus au profit de l’agriculture de ce pays et de sa prodigieuse fertilité, passée en proverbe dans le monde entier. Dans les circonstances communes, le mérite des grandes irrigations qui consiste partout dans l’abondance et dans la régularité des eaux se tire du mode d’alimentation des rivières, dans les neiges des régions élevées. En Egypte, rien de semblable n’a lieu, car le Nil qui l’arrose prend ses sources dans les régions brûlantes d’Abyssinie où la neige même sur les hautes montagnes, ne résiste que quelques heures à l’usure silencieuse de la tiédeur permanente de l’atmosphère.

Mais les crues de ce fleuve sont générées à peu près régulièrement par les pluies d’une durée et d’une intensité inconnues partout ailleurs que dans les régions intertropicales, des pluies que les auteurs anciens ont nommé avec quelque raison, les cataractes du ciel. Il en résulte de là, que le Nil d’abord encaissé entre les montagnes et les collines, formant l’immense vallée de plus de 2 400 km de long qu’il traverse dans les royaumes de Sennaar et de Nubie, apporte sur les plaines de la basse Egypte une masse énorme d’eau, par laquelle ces plaines sont nécessairement submergées. Or, une inondation, livrée à elle-même ne peut avoir qu’une influence fâcheuse sur le terrain qu’elle recouvre, d’un côté par l’entraînement du sol cultivable, occasionné par les courants, d’un autre côté par l’inégale répartition des dépôts et atterrissements qui se forment en d’autres endroits. L’art des anciens égyptiens consistait à savoir retenir et distribuer habilement les eaux des débordements du Nil, de manière à les répartir peu à peu, sur la totalité de la plaine. Non seulement dans le but de la saturer d’humidité et de la préparer ainsi à recevoir l’action féconde du Soleil mais surtout pour y effectuer aussi complètement que possible le dépôt de limon précieux dont le Nil, après un si long trajet dans les terrains de toute nature, se trouve si richement chargé, à la partie inférieure de son cours. Des digues transversales au cours du fleuve et prolongées jusqu’aux parties les plus éloignées de la plaine, avaient donc été construites pour arrêter temporairement les eaux de crue et de leur laisser déposer sur les terres, ce limon fertilisant.

Un vaste système de limonage plutôt qu’une irrigation

De l’époque des pluies périodiques, le Nil commence à croître vers le solstice d’été et la crue parvient à son maximum au bout de trois mois, c’est-à-dire vers l’équinoxe d’automne. Il décroît ensuite graduellement pendant les neufs autres mois de l’année. Lorsque les eaux de l’inondation avaient atteint une certaine hauteur, déterminée par les nilomètres auxquels on a toujours attaché une grande importance, on coupait les premières digues, élevées quelques temps auparavant, à l’entrée des canaux de distribution établis sur les deux rives du fleuve et dirigés dans la haute Egypte, sous des directions plus ou moins obliques, vers les limites de la vallée. Parvenus au pied des montagnes qui les bordent, ces canaux se prolongeaient longitudinalement mais d’autres digues transversales en interrompaient encore le cours par intervalles et obligeaient les eaux à submerger régulièrement, de proche en proche, de grandes étendues de terrain. Plus les eaux s’élevaient en amont des digues par la hauteur naturelle de la crue, plus s’étendait au loin leur féconde influence. Quand la submersion avait atteint sa plus grande hauteur et qu’il s’était écoulé un temps suffisant pour que le limon tenu en suspension dans l’eau, eut pu se déposer sur le sol, alors les digues de retenues étaient elles mêmes coupées et les eaux qui continuaient de couler dans les canaux, allaient inonder les terrains situés en amont d’un nouveau barrage, puis ainsi de suite, jusqu’à la partie la plus basse de la plaine.

On conçoit aisément qu’on pratiquait ainsi un vaste système de limonage, plutôt qu’une irrigation proprement dite. Les canaux qui ne servent qu’à transmettre les eaux d’un bassin de retenue à l’autre, étaient moins essentiels que les digues qui servaient à les arrêter. Toute l’agriculture de l’ancienne Egypte était basée sur cet unique moyen d’amendement et l’on attachait à juste titre un très grand intérêt à tout ce qui concernait la marche de l’inondation annuelle du fleuve. Des nilomètres, placés sur les points les plus importants servaient à indiquer le progrès des eaux d’une manière certaine. Aux approches et pendant toute la durée de la crue, des préposés veillaient constamment sur ces nilomètres, que des idées superstitieuses faisaient regarder comme profanées, si une quelconque vulgaire personne se fut permise sur eux un seul regard de curiosité. Ces préjugés se conçoivent par l’importance extrême qu’avait le débordement pour l’immense population qui en attendait ses moyens de subsistance.

Selon le témoignage de Pline, la meilleure hauteur du Nil était d’un demi mètre mais au-delà de ce niveau, elle devenait dangereuse pour la conservation des digues et même pour les nombreux villages riverains qui se trouvaient entourés par l’inondation. Au contraire, il y avait famine en Egypte quand les eaux n’atteignaient que 30 cm sur le principal nilomètre. En revanche, quand l’inondation était complète et atteignait sa plus optimale hauteur, de manière à pouvoir se répandre jusqu’au pied des premières collines, formant la vallée du Nil, c’était le signe de grande réjouissance dans ce pays. Les crieurs publics qui, dans tous les cas, devaient faire connaître au peuple le progrès des eaux, parcouraient alors les villes au son des instruments, accompagnés d’enfants qui agitaient des banderoles multicolores. Puis s’arrêtant dans les carrefours de Memphis, Péluse, Hermopolis et Alexandrie, ils faisaient retentir ce cri de bon augure : « Dieu a tenu sa parole ». Les terres auxquelles les eaux de crue n’y arrivent pas, comme les points hauts, sont mises en eau à l’aide de machines, au moyen desquelles, les eaux étaient élevées au dessus de leur niveau naturel. Les historiens s’accordent à établir que la vis d’Archimède fut inventée par ce célèbre mathématicien des temps antiques dans un des voyages qu’il fit en Egypte et qu’elle eut spécialement pour but l’irrigation. Plus le climat était brûlant, plus il y avait intérêt à obtenir de grandes réserves d’eau, disponibles pendant la saison de sécheresse.

Ainsi, les principales ruines appartenant à ces grandes constructions existent-elles surtout dans des contrées jadis riches et populeuses dont l’agriculture ne pouvait prospérer que par l’emploi des eaux artificielles. Hérodote ne s’empêcha pas d’étaler sa sympathie pour les pharaons en écrivant : « Ces hommes sont les plus grands, les plus beaux et vivent plus longtemps ». La plupart des antiques empires d’Orient nous ont laissé de semblables vestiges. Les trois réservoirs des jardins de Salomon, en Palestine contenaient ensemble plusieurs millions de m3 d’eau, qui se renouvelaient entièrement chaque année. Les anciens persans, pour favoriser l’agriculture, avaient mis en honneur l’irrigation des terres à l’aide d’immunité et de privilèges exceptionnels, devant à coup sùr en faciliter l’extension. L’adapter à un terrain qui n’en avait pas joui encore, donnait droit pendant des années d’être dispensé de certaines charges publiques. Si l’on en croit le témoignage de Polybe, les particuliers qui créaient des irrigations nouvelles sur des terres improductives appartenant au souverain ou à l’Etat, en acquièrent par cela, la pleine propriété pendant cinq générations consécutives. De tels encouragements montrent combien ces peuples avaient su apprécier l’utilité de favoriser par tous les moyens possibles, un art aussi important, un art aussi vital. Les peuples de l’ancienne Grèce ou ceux du nord de la Chine qui occupèrent jadis ces contrées, se livrèrent- ils avec un grand soin particulier à l’irrigation des prairies parce que celles-ci étaient la base de la nourriture du bétail qu’il regardaient avec raison comme leur principale richesse.

La solution moderniste

Jusqu’au siècle dernier, les égyptiens étaient tributaires des crues du Nil qui venaient périodiquement ,une fois par an, déposer sur les berges du fleuve, les sédiments nutritifs nécessaires aux cultures. Mais tout comme les ruines étaient ensevelies sous le sable, le génie hydraulique des pharaons s’est peu à peu effacé des consciences, pour laisser place à la civilisation moderne de prouver sa suprématie. En 1902, un premier barrage fut construit par les anglais, l’ouvrage noyait la Nubie près de huit mois sur douze, mais montra aussitôt son incapacité à contenir les caprices du fleuve lors de son gonflement. Dans ces moments de grandes mutations, l’Égypte voit sa population croître de 3% par an pour passer de 10 millions d’habitants en 1900 à 40 millions en 1960 et allait atteindre 80 millions en 2008. Face à ce flux démographique, le pays n’arrivait plus à nourrir sa population. C’est ainsi que le Président Nasser, épris de gigantisme prit la décision en 1956 d’édifier le haut barrage d’Assouan ou Saad el Aali, afin pensa-t-il de satisfaire les besoins en eau, alimentaires et énergétiques de son peuple. L’entreprise allait chatouiller son ego et hisser encore plus haut son image que celle de ses ancêtres pharaoniques.

Avec l’aide des soviétiques, le chantier du siècle, qui démarra en 1962, permit d’entasser près de 43 milliards de métres-cubes de roches et de gravats au travers du courant d’eau. Plus besoin des nilomètres, l’ouvrage qui fait 17 fois la taille de la haute pyramide de Kheops, mobilisa 30 000 travailleurs qui allèrent oeuvrer durement pendant une dizaine d’années dans des conditions désertiques. Le barrage s’allonge sur 3 600 m, repose sur sa base de 980 m et dresse sa tête large de 40 m pour culminer à 111 m de haut. Le lac créé par ce barrage, baptisé au nom du raïs égyptien, s’étend sur une superficie de 5 000 km2 et une profondeur moyenne de 70 m. Il aura une capacité théorique de 157 km3 d’eau. Les eaux retenues ont commencé d’abord par chasser environ 500 000 nubiens de leurs terres, ensuite à engloutir des monuments et des temples vieux de 3 000 ans. Heureusement que quelques uns ont été sauvés en les démontant pierre par pierre, pour les transporter et les assembler plus loin et plus haut.

Certains temples ont définitivement sombré sous les eaux et la vase. Un environnement nouveau s’installe progressivement faisant différencier l’amont de l’aval. Le chantier se termine en 1971 et entre en production quatre années plus tard, pour retenir un volume d’eau de près de 80 km3• Outre les bienfaits immédiatement avérés, comme juguler les inondations, éloigner le spectre de la sécheresse, améliorer la navigation et étendre les surfaces irriguées, les eaux permettent aussi d’actionner les 12 turbines de la centrale électrique et développer ainsi 2,1 Gwatts par an. Au maximum de la crue, un flux de 11 000 m3/s passe à travers les vannes et en cas d’urgence, une fraction de 5 000 m3/s peut être évacuée par le canal reliant le réservoir à la dépression Toshka. Les effets néfastes de cette grandiose œuvre font surface au fil des années et les avantages du barrage sont de plus en plus critiqués. En effet, le niveau des nappes phréatiques dégringole à l’aval et les eaux souterraines ne constituent plus un rempart pour repousser et stopper les intrusions marines. Pendant des millénaires, les sédiments charriés par le Nil ont compensé l’érosion de la côte mais de nos jours les sels ont stérilisé 30 à 40 % des terres du Delta.

La mer gagne du terrain menaçant d’inonder le large Delta surpeuplé avec un impact corrélativement négatif sur le développement de la sardine et autres créatures endémiques. A l’amont des zones inondées on note l’apparition et le développement des schistosomiases endémiques, un ver nommé bilharzie est la cause de l’affection de bilharziose. Les pertes par évaporation sont estimées à 10 km3 par an. En revanche, les terres à l’aval ne bénéficiant plus de l’apport limoneux des crues et ce déficit de 150 millions de tonnes se caractérise par un appauvrissement progressif de la fertilité édaphique. L’utilisation préconisée des engrais et autres produits pesticides ,de plus en plus coûteux, va accentuer la pollution des terres et des eaux, rendre dépendant les agriculteurs et enfin les appauvrir. Les techniciens estiment avec un certain optimisme que le barrage serait envasé dans 750 ans. Aujourd’hui, de la Tanzanie à l’Égypte, près de 250 millions d’habitants vivent dans le bassin du Nil. En effet, ce dernier, bien qu’alimenté par trois fleuves et ayant un bassin de près de 2,8 millions de km2, n’offre un débit moyen de seulement 2 800 m3/s, soit 35 fois moins que le géant Amazone. Les eaux du Nil proviennent à 85% des plateaux éthiopiens, ce qui n’endigue pas toutes les tensions potentielles relatives au partage des eaux. Selon un rapport de la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (ECA), l’Egypte bénéficie de 62 km3 d’eau du Nil permettant d’irriguer 3 millions d’ha tandis que le Soudan ne profite que de 16 km3 alors que l’Éthiopie est totalement ignorée. A l’ère de l’enviromania et après un demi-siècle de vitaux services, ce projet nassérien n’est plus qu’un colosse d’argile qui fait l’objet de multiples controverses. La gouvernance antique et l’éthique des ancêtres pharaoniques se sont avérées plus respectueuses de l’environnement et du développement durable.

Notes :

Bakre M. (1980). L’Egypte et le haut barrage d’Assouan. Presse univ. St Etienne, 191P. Buffon N. (1861). Hydraulique agricole. Application des canaux d’irrigation de l’Italie septentrionale. Tl, seconde édition, ed. Dunod, Paris, 558P.
Zella 1. (2006). Peut on rendre l’âme aux oasis algériennes. Quotidien El Watan Ed. 29/08/2006
Zela 1. (2009). La tête arrose les pieds. Quotidien El Watan Ed. 13/04/2009


Par Lakhdar Zella

jeudi 2 juillet 2009

Changements climatiques:L’Algérie obligée d’acheter des quotas de pollution ?

Il faut être spécialiste pointu de la question des changements climatiques pour ne pas s’étonner devant l’information donnée par le P-DG d’Air Algérie. Cette compagnie est concernée par la directive européenne qui plafonne les émissions de CO2 pour tous les avions au départ ou à destination d'aéroports européens.
Cette directive autorise les compagnies aériennes à échanger leur surplus de «crédits de pollution» sur le «marché européen du carbone» à compter du 1er janvier 2012. Autrement dit, les compagnies aériennes qui dépasseraient leurs quotas d’émission doivent en acheter sur le marché européen du carbone. On pensait que l’Algérie, non impliquée par les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre contenus dans le protocole de Kyoto, ne pouvait que vendre sur ce marché et non pas acheter.
L’Union européenne a décidé que les émissions de CO2 des avions devront être limitées en 2012 sur le territoire européen à 97% de leur niveau de 2005 puis à 95% de ce niveau sur la période 2013-2020.
Naturellement, cette directive qui était en gestation depuis quelques années, plus précisément septembre 2005, ne plaît pas aux transporteurs aériens. En 2007, en prévision de cette directive, l'assemblée de l'OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) avait débattu des «mesures à prendre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie aérienne qui devrait accroître de 4,6 % annuellement d'ici 2025».
D'après l’OACI, «le secteur aérien représente 2% des émissions totales de GES et devrait passer à 3% en 2050». Ces émissions, tient à rappeler l’OACI, «ne sont pas comptabilisées dans les bilans de réduction de gaz à effet de serre des pays industrialisés en vertu du protocole de Kyoto». Mais, visiblement, l’OACI n’a pas réussi à infléchir la volonté de la Commission européenne. Celle-ci a réussi à intégrer les compagnies aériennes dans le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre (SCEQE). De ce fait, l'impact du système pourrait être limité de 75%, selon certaines études. Pour faire face à cette nouvelle obligation, les compagnies aériennes pourront avoir recours au commerce de quotas d'émissions, mais également améliorer les normes techniques.
D’autres «ficelles» sont recommandées par le PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement). «Par exemple, lit-on dans un de ses documents, des études montrent que si tous les passagers aériens voyageaient avec moins de 20 kg de bagages et qu'ils achetaient le reste de leurs articles dans une boutique hors-taxe, à leur arrivée, cela réduirait les émissions mondiales de gaz à effet de serre de deux millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) chaque année».
Autres arguments donnés par le PNUE : un seul vol transatlantique aller-retour rejette autant de gaz qu'une auto pendant une année ; sur de courtes distances, les voyages aériens produisent environ trois fois plus de CO2 par passager que le train. En général, les avions engendrent de 2 à 3% des émissions planétaires de gaz à effet de serre.
Il faut savoir que dans le cadre de leur contribution à la protection de l’environnement, en particulier la lutte contre les changements climatiques, des organismes privés ou gouvernementaux européens recommandent à leur personnel l’utilisation du train au lieu de l’avion. Le mardi 13 mai 2009, à l’hôtel Aurassi, le bureau du conseil d'administration du PNUE s’est réuni en vidéo conférence avec des personnes qui se trouvaient à Alger, à Nairobi, Belgrade et New York. Cette réunion était importante, elle a eu pour but d'étudier les résultats, le suivi et la mise en œuvre des décisions adoptées par la 25e session du conseil d'administration du PNUE/Forum ministériel mondial qui s'est déroulé du 16 au 20 février 2009 à Nairobi. La présence de l'Algérie était indispensable, elle est vice-présidente de ce conseil d'administration. Pourtant, tout ce beau monde – ministres et experts – n’a pas eu besoin de prendre l’avion et faire un long voyage pour discuter et décider. La vidéo conférence a suppléé parfaitement au déplacement. C’est une façon d’éviter des émissions de gaz à effet de serre. Est-ce que la quantité de GES épargnée par les officiels algériens durant cette vidéo conférence a été quantifiée ?
Peut-on la «monnayer» au profit d’Air Algérie qui est, au moins pour une partie des trajets, le transporteur des délégations officielles ? Ce qui est sûr, c’est que, quelque part, dans les rouages de l’Etat algérien, quelqu’un a dû se réjouir de l’économie en devises faites par le pays grâce à la vidéo conférence. Un exemple à encourager.
M’hamed Rebah
http://www.lanouvellerepublique.com/actualite/lire.php?ida=78081&idc=51&date_insert=20090702

mercredi 17 juin 2009

L’eau de la cascade de Kefrida polluée


L’avenir de la cascade de Kefrida, l’un des sites touristiques les plus attrayants de la wilaya de Béjaïa, risque d’être compromis si des mesures urgentes ne sont pas prises pour sa sauvegarde, à se fier aux propos de M. Boudjit, président de l’APC de Taskeriout. À défaut de réalisation d’un réseau d’assainissement pour les villages Kefrida, Tighzert et Taghzout qui surplombent cette cascade, des quantités importantes d’eaux usées se déversent dans la nature au point qu’ils ont pollué l’eau qui alimente cette cascade. « La contamination des eaux de la cascade a été vérifiée l’année passée. Le laboratoire spécialisé qui a analysé cette eau a suggéré d’y interdire la baignade. Pour cette année, nous attendons avec impatience les résultats des analyses qui sont en cours et je ne pense pas qu’elles puissent être différentes de celles de l’année passée car la cause de cette contamination demeure » nous explique M. Boudjit.

Pourtant, d’après lui, une étude a été effectuée par l’APC pour un projet d’évacuation des eaux usées que dégagent les villages sus cités, et dont le coût de réalisation a été estimé à plus de 50 millions de dinars. Soit un coût dont l’importance est justifiée par le fait que cette opération nécessite, d’après l’étude, la réalisation d’une conduite de plus de 6 km. « L’étude a été effectuée et envoyée en 2006 par nos soins aux instances concernées, à savoir la wilaya et la direction de l’hydraulique, sans qu’une suite favorable ne lui soit accordée, en dépit de la gravité du problème » nous dit le P/APC. Il importe de signaler aussi que les eaux usées rejetées par les localités qui constituent le village Aït Idris, situé à l’est des villages sus cités et dont la population est plus dense que celle de ces derniers, contaminent elles aussi la partie basse de la cascade et cela malgré le raccordement des localités en question au réseau d’assainissement. Ce fait est dû à l’absence d’un bassin de décantation pouvant traiter ces rejets avant de les évacuer plus loin, afin d’éviter toute contamination de la cascade.

Outre ce problème, le couvert végétal qui entoure et embellit cette cascade se trouvant à l’intérieur d’une forêt, aux abords de la RN 9, subit ces derniers temps une dégradation de la part des riverains. D’après le P/APC, la conservation des forêts accorde des bons d’exploitation à des particuliers afin de défricher des parcelles au sein de la forêt pour servir au jardinage. « J’ai écris aux services concernés pour leur signifier ma colère et mon opposition au renouvellement de ces bons d’exploitation. A ma surprise, ils m’ont signifié que le renouvellement ou non de ces bons ne relève pas de mes prérogatives » témoigne le maire. Par ailleurs, pour rendre le site accueillant, un budget de 1 million de dinars a été dégagé par l’APW, pour son aménagement. Les travaux consistent en l’aménagement de parkings et la réalisation de l’éclairage public ainsi que le recrutement d’agents pour assurer la sécurité des lieux aux côtés des éléments de la gendarmerie.

Un site « défiguré »

La cascade de Kefrida n’a jamais cessé de fasciner ceux qui viennent la visiter ou se baigner dans ses eaux. Elle est ces jours-ci bondée de monde. Ce site n’a pas eu, cependant, tout l’égard qui sied à son importance à voir les ravages que subit la forêt qui l’abrite. L’extension du village d’Aït Idris qui s’effectue au détriment de la forêt participe à la destruction du patrimoine forestier. En outre, à chaque grande affluence de touristes, les jeunes chômeurs de cette région dressent pendant tout l’été des baraques aux alentours de cette cascade pour se livrer à tout genre de commerce. Si ces commerces d’été permettent ainsi d’atténuer un tant soit peu le chômage qui sévit dans cette région, l’anarchie dans laquelle ils se tiennent défigure le site. « Il est temps que les autorités, ainsi que les services concernés par la préservation du patrimoine touristique de la wilaya, prennent les mesures nécessaires pour sauvegarder la beauté de ce site naturel » nous déclare un jeune de la région.

Par Akli Malek
Source:http://www.elwatan.com/L-eau-de-la-cascade-de-Kefrida

mercredi 20 mai 2009

IMMINENCE DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES:Et si les religions prêchaient aussi l’écologie?


«Trois choses influent sur l´esprit des hommes: le climat, le gouvernement et la religion.» (Voltaire)
En ces temps de crise environnementale où différents rapports d´experts, incluant chimistes, biologistes, climatologues, météorologues, océanologues, glaciologues, expliquent les raisons mécaniques du réchauffement global, où économistes et politiciens tentent de pallier tant bien que mal cette problématique, qu´est-ce que les religions ont à dire à l´écologique? Conçoivent-elles la Terre comme un objet profane?(1) Les religions se présentent aujourd´hui comme de précieux alliés devant contribuer à un urgent "réenchantement du monde". Un monde bien abimé si l´on croit les scientifiques du groupement des Nations unies sur le Climat (Giec). Dans leur dernier rapport, ils nous promettent que d´ici la fin de ce siècle, c´est-à-dire à l´échelle de nos petits-enfants et arrière-petits-enfants, les températures augmenteront de 1,8°C à 4°C et que le niveau des mers s´élèvera de 28cm à 43cm. Les choses sont ainsi résumées: le climat à Paris sera celui actuel de Bordeaux. Celui d´Alger sera celui de Ghardaïa "Autant dire que la question du réchauffement climatique n´est plus une simple question annexe mais une question vitale pour nos descendants. Notre seule chance raisonnable d´éviter un réchauffement important est d´abandonner rapidement les combustibles fossiles. Nous ne devons pas oublier qu´un réchauffement de plus de 2 degrés nous entraînerait bien au-delà des variations naturelles de températures que notre planète a subies depuis que l´homme existe."(2)


Notre mère la Terre
La religion judéo-chrétienne considère l´être humain comme gardien et non dominateur Une éthique environnementale prescrit, chaque sept ans, une année sabbatique autant pour le sol que pour les êtres humains et les animaux. Ces derniers, créés et bénis par Dieu, selon le récit de la Genèse, méritent le respect. "Le juste prend soin de la vie de ses bêtes" stipule le livre des Proverbes (12, 10). Jésus était vert. Il a vécu en contact permanent avec les éléments de la nature. Il s´en est servi pour alimenter ses paraboles.(1)
La religion juive a institué plusieurs fêtes liturgiques en lien avec la préservation de la nature comme la " Tou Bichbat " (Nouvel An des arbres) durant laquelle un arbre est planté en action de grâce pour la beauté de la nature et le cadeau de la vie. La nature y est considérée comme un interlocuteur qui renvoie l´être humain à Dieu. Le Talmud fait de chacun d´entre-nous des " partenaires de Dieu " dans la création. Judaïsme est une religion qui place l´écologie, c´est-à-dire le souci permanent de la nature, au centre de ses préoccupations. Il n´y a qu´à voir nos fêtes basées sur les saisons et le respect de celles-ci. Alors face à l´urgence donnons une autre actualité à la fameuse sentence d´Hillel: " Si ce n´est maintenant, quand? " A nous d´agir, et vite, pour que la terre que nous confierons à nos enfants démente les prédictions des scientifiques.(3)
La fameuse phrase de la Genèse 1,28 traduite dans la Bible Segond par: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et assujettissez-la; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre, est pour les exégèses à interpréter différemment. La Torah interdit également les mélanges d´espèces, les modifications génétiques, autant animales que végétales; elle exige la mise en jachère de la terre, tous les sept ans, notamment pour rappeler que seul l´Eternel est propriétaire de la terre, et aussi pour prévenir les risques de l´agriculture intensive.(4)
L´hindouisme respecte toutes les créatures végétales et animales. Selon les Védas, la vie devient douce pour celui qui vit en accord avec la loi du cosmos. L´écart de cette loi (Dharma) entraîne un désordre universel. Un proverbe hindou stipule: " La Terre est notre Mère, nous sommes tous ses enfants. " Les Sikhs s´abstiennent de viande par respect pour Atman (le souffle divin) qui réside dans la vie animale, d´où leur forte tendance au végétarisme.(1)
Le bouddhisme est essentiellement écologique et prône une attitude absolument respectueuse de toutes les formes de vie: arbres, animaux, êtres vivants. Il se situe aux antipodes de ceux qui font de l´être humain un possesseur et un exploiteur de la Terre. Selon la théorie de l´interdépendance, les conséquences de l´agir humain se répercutent sur ceux qui l´entourent et sur l´ensemble de l´environnement. Le dalaï-lama stipule: " Fondamentalement, chaque individu est responsable du bien-être de l´humanité et de la Terre parce que la Terre est notre seule demeure. " La spiritualité baha´ie, qui se veut la réunion de toutes les religions, enseigne à son tour l´interdépendance entre l´être humain et son environnement. L´un ne peut être séparé de l´autre. L´un influence, détermine, " façonne " l´autre Même les athées, dignement représentés par James Lovelock (médecin et ex-conseiller à la Nasa) qui a relancé la théorie de la Terre-Gaïa, estiment que notre planète est un organisme vivant qui s´autorégule. En ce troisième millénaire, entamé avec une sombre crise écologique à l´horizon, serions-nous prêts à réviser notre être-au-monde et notre relation avec la nature de laquelle nous dépendons?(1)
La religion musulmane considère la création comme un chef-d´oeuvre de beauté à respecter et à préserver. Le Coran enseigne que l´être humain en qui est insufflé l´esprit de Dieu (32,9) est le " lieutenant de Dieu sur la Terre " (2,30), son " vicaire ", le " prolongateur de sa création ", le " locataire de la Terre " (7,10). La Terre ne lui a été que concédée. Pour Dalil Boubekeur, l´Islam prône que dans chacune de ses actions l´homme se souvienne de Dieu. Aujourd´hui il semble avoir oublié ce principe dans son rapport à l´Environnement naturel.(5)
Coran 78-6: " N´avons-nous pas fait pour vous de la Terre un berceau, de la Nuit un vêtement, fait descendre une eau abondante pour faire croître des grains des plantes et des vergers luxuriants? " Coran 80-25: " C´est nous qui versons une eau abondante et faisons pousser les céréales, des vignobles et des légumes, des oliviers, des palmiers, des jardins touffus, des fruits et des herbages afin que vous en jouissiez vous et vos animaux..."Cette Nature belle et fragile est confiée à la sauvegarde de l´homme dont la survie dépend étroitement de l´Environnement minéral, animal ou végétal. De ce point de vue, l´Islam est une source inépuisable de sagesse et de réflexion qui, en méditant sur l´oeuvre de Dieu, puise des raisons de croire et d´espérer. Coran III-190: " En vérité dans la création des cieux et de la terre, dans l´alternance des nuits et du jour il y a des signes pour ceux qui sont doués d´intelligence! " Et: " Contemplez l´oeuvre de Dieu et glorifiez-le!"(5)
La vie de l´homme est déterminée par toutes les lois de la Nature. Dieu manifeste Sa Volonté par ces lois. En cela l´Environnement est sacré tout comme la vie est sacrée dans ses expressions animées ou inanimées car elles obéissent toutes aux mêmes règles immuables Coran 78-6: " N´avons-nous pas fait de la terre un berceau? "Coran (LXXVIII,6; XX,53) Respecter l´état de Nature c´est donc respecter l´ordre divin qui a agencé l´homme et son environnement de manière parfaite et mesurée. Il n´est pas sans risques ni périls de modifier le rapport de l´homme à son environnement car c´est de l´équilibre de cette interdépendance que l´humanité s´est perpétuée durant des millénaires, et qu´il importe de ne pas compromettre les chances de l´avenir de l´espèce humaine.(5)
La Nature obéit à des lois. L´homme qui la gère et la domine par sa raison a-t-il tous les Droits? Coran VII-45: "Ne faites pas nuisance à la terre alors qu´elle a été mise en ordre par Dieu." Devant les viols répétés de ce que l´on pourrait appeler les "Droits de la Nature" et de l´écologie le célèbre commandant L. Cousteau s´est inquiété de la survie de l´homme: "Sommes-nous en train d´assister au commencement de notre inéluctable génocide depuis le XXe siècle industriel?", interrogeait-t-il. (5)

Un devoir moral
Aux Etats-Unis même, des associations chrétiennes mènent campagne pour que le Congrès protège les plus pauvres face au réchauffement climatique. Religieux et militaires écrit Hélène Crié-Wiesner, les Américains viennent de sceller une union sacrée pour lutter contre les changements climatiques. " A mesure que monte le niveau des mers et que les rivières s´assèchent, les créatures divines appellent au secours. Refuser d´entendre cet appel aurait de graves conséquences. " Le changement climatique aura un impact terrible sur les pauvres. Il affectera notre sécurité nationale, notre prospérité économique, et l´avenir de nos enfants. Cependant, même si la partie semble mal engagée, la rédemption est toujours possible."
Cette campagne a été lancée pour s´assurer que le gouvernement protègera "en priorité les plus vulnérables de la société, chez nous et à l´étranger". Aux Etats-Unis, où l´affirmation des valeurs religieuses n´est ni plus de droite que de gauche, le député démocrate de Virginie Tom Perriello affirme: "S´occuper des questions climatiques n´est pas seulement important pour la sécurité nationale et la politique économique. C´est un devoir moral que de prendre soin de la création divine, et de veiller aux besoins de ceux qui contribuent le moins à ces changements climatiques."(6)
Le maître soufi Djalal al-Dîn Rûmi face à la création. Le soufisme, est habitué à traiter la création, l´univers et la nature non seulement comme un ensemble extérieur à l´être humain, mais aussi comme partie du monde intérieur de chacun. En ceci, il est très proche de mouvements mystiques très anciens de l´hindouisme et plus tardivement de principes bouddhiques. En tout cas, l´Homme parfait de l´idéal soufi est comme Ibn Arabi l´avait décrit: il réunit en lui la forme de Dieu et la forme de l´univers. Lui seul révèle l´essence divine avec tous ses noms et attributs. Il est le miroir par lequel Dieu est révélé à lui-même et, par là, la cause finale de la création. Dans ses Odes mystiques (Dîvan-E Shams-E Tabrîzi) Djalal al-Dîn Rûmi laisse sans cesse tourbillonner les mots, les allusions à la nature, aux étoiles, comme en témoignent quelques extraits: Ode 462: Je suis un droit cyprès, c´est là le signe de ma droiture; il n´est pas de meilleure image de la droiture que la taille du cyprès. L´agilité, la beauté, le rayonnement sont les témoins de la lune; l´éclat des étoiles, c´est la preuve et le témoin du ciel. O roses et roseraies!
Ghazal II: D´abord tu fus minéral, ensuite végétal, puis tu devins animal: comment serait-ce caché à tes yeux? Après cela tu devins homme, doué de connaissance, de raison et de foi. Vois comme est devenu un tout ce corps, qui est une partie de ce monde de poussière! Quand tu auras voyagé à partir de ta condition d´homme, sans nul doute, tu deviendras un ange. Quand tu en auras fini avec la terre, ta demeure sera le ciel. Dépasse le niveau de l´ange: pénètre dans cet océan, afin que ta goutte d´eau devienne une mer plus vaste que cent mers d´Omân. Renonce à cette notion de Fils, dis, de toute ton âme: "Dieu est Un."(4)
Khalil Gibran, poète libanais nous sensibilise de la même manière dans La voix du Maître: "Et j´ai entendu le ruisseau se lamenter comme une veuve pleurant son enfant mort, et j´ai demandé: Pourquoi pleures-tu, mon pur ruisseau? Et le ruisseau répondit: Parce que je suis contraint d´aller à la ville où l´Homme me méprise et me préfère des boissons plus fortes et fait de moi le réceptacle de ses déchets, souille ma pureté et change ma qualité en ordure. Et j´ai entendu les oiseaux se plaindre, et j´ai demandé: Pourquoi pleurez-vous, mes beaux oiseaux? Et l´un d´eux s´approcha, se percha au bout d´une branche et dit: Les enfants d´Adam viendront bientôt dans ce champ avec leurs armes mortelles et nous ferons la guerre, comme si nous étions leurs ennemis. Nous nous disons adieu, car nous ne savons pas lequel d´entre nous échappera à la rage de l´Homme. La Mort nous suit partout où nous allons. Je me suis demandé: Pourquoi l´Homme détruit-il ce que la Nature a construit? (4)
"Hans Küng et son " Parlement des religions " (Chicago 1995) proclamaient le désarroi des hommes de religion en ces termes: " Le monde est à l´agonie, une agonie générale et dramatique: la planète se détruit petit à petit, son écosystème est en péril; l´anarchie, la violence menacent nos sociétés. Nous devons respecter la communauté entière des êtres vivants: celle des humains, des animaux, et des plantes, et nous préoccuper de la sauvegarde de la planète, de son atmosphère du sol et de l´eau". (Fin de citation). L´écologie sous sa forme actuelle place la qualité de la vie au coeur de la préservation de l´avenir par le respect de l´environnement; il apparaît donc vital qu´une éthique de respect de notre environnement doive être installée et respectée. Il s´agit avant tout, de repenser les choix et les valeurs qui ne conduisent qu´au chaos. Quand l´homme spiritualisant ses rapports au monde et à son environnement traitera avec plus d´amour et de responsabilité une Nature éminemment fragile en ses équilibres, il apprendra d´abord à l´aimer réellement afin d´en user avec sagesse et raison, car, si l´environnement revêt un sens pour l´homme, l´existence de l´homme devra également revêtir tout son sens pour cet Environnement.(5)
Plus que jamais et comme l´écrit Jean Giono,- l´illustre écrivain du Chant du Monde, c´est le rapport de l´Homme au monde qui ne fonctionne plus et tout çà est à réinventer et à réenchanter. L´intelligence a failli, il faut retourner en-deçà. C´est peut-être un nouveau sacerdoce qui permettra aux religions et sagesses de sauver l´homme de ses tentations néfastes pour la nature avant de sauver son âme.

(*) Ecole nationale polytechnique


1.Bernard Anton, Plaidoyer pour la Terre et les Vivants http://www.buddhachannel.tv/portail/spip.php?article4828
2.http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=1973 4 052009
3.Gabriel Farhi
http://www.col.fr/article.php3?id_article=1218 Le Judaïsme est écolo... " 4 fevrier 2007
4.Lithia L´écologie dans la Torah et les traditions monothéistes
http://www.kabbale.be/index2. php?option=com_content&do_pdf=1&id=131. 01-01-2007
5.D.Boubekeur L´Islam et l´environnement Conférence G8 Trieste Italie 2 mars 2001
6.Hélène Crié-Wiesner Aux E U, les religieux se convertissent à l´écologie Rue 89 08/05/2009

Pr Chems Eddine CHITOUR (*)

jeudi 7 mai 2009

COMMENT DEVENIR ECO CITOYEN ?


Protéger l'environnement, ne doit pas consister essentiellement à prendre des mesures réglementaires, surtout en ce qui concerne le citoyen.

Le citoyen du monde est rentré dans une nouvelle ère ou la protection de l'environnement fait appel à son adhésion ou même à sa participation.

La participation du citoyen est simple et consiste essentiellement à :

- Un tri des ordures ménagères

- Au choix du mode de transports

- Au choix du mode de chauffage

- Par la consommation de produits écologiques

- Par la diminution des nuisances, sonores, pollution…

- Lutter contre le gaspillage de l'électricité et du gaz

- Au respect de la forêt

- Au respect de la mer, des lacs et des rivières

- Lutter contre le gaspillage de l'eau potable

Donc chacun de nous est impliqué personnellement, quotidiennement.

Mais la protection de l'environnement ne s'arrête pas là, car d'autres parts, un certain nombre d'avancée sur le plan de l'écologie sont liées directement à « la demande sociale », exprimée certes par les citoyens, mais réalisée par les pouvoirs publics à condition qu'il ne faut pas des décennies pour qu'elle aboutie.

On pourra citer :
- La reconquête de l'eau souterraine et surtout celles des rivières et des oueds

- La protection des espèces sauvages, surtout celles en voie de disparition

- Le respect de l'environnement dans les aménagements urbains et autres

- La reconnaissance de l'agriculture biologique

- Le problème des nitrates et des pesticides dans les eaux de robinets

- Le danger des métaux lourds dans l'alimentation

- La lutte contre la déforestation

- La préservation des espaces verts

- La lutte contre l'abattage sauvage des arbres dans les villes

- La lutte contre les altérations alimentaires et les maladies liées aux aliments

Le citoyen jouera donc un rôle de plus en plus grand dans le domaine de l'environnement, au point ou il sera gratifié du néologisme « d'éco citoyen ».

Malheureusement, les pratiques environnementales du citoyen du monde sont différentes, selon les contraintes liées au milieu de vie :

- Éducationnelles

- Formatives

- Socioculturelles…

Un des gestes le plus ordinaire à prendre comme exemple, consiste à jeter ses ordures ménagères dans des poubelles destinées à cet effet.

Dans ce geste si simple, il règne une part d'ombre favorisée par la vie urbaine et chacun de nous réagir en fonction de son milieu :

- les uns vont les jeter dans ces poubelles,

- pour les autres ils vont les jeter un peu partout, voir du balcon de leur appartement.

Heureusement que certaines pratiques réalisées par des citoyens plus modestes, contribuent à protéger l'environnement : économie du chauffage, système D,….

Étant donné la complexité des domaines abordés, l'éco-citoyen est nécessairement un citoyen bien informé.

D'où, il ressort toute l'importance de l'éducation à l'environnement qui devra s'intégrer certes peu à peu à l'éducation tout court.

L'éducation est le début de l'écocitoyenneté, car l'étude de l'environnement est un thème très complexe.

Le but essentiel est de faire comprendre toute la problématique, sans nécessairement prendre position.

On ne doit surtout pas confondre éducation et sensibilisation, qui cette dernière est une communication.

Une éducation complète permet de faire comprendre qu'il faut modifier des comportements en expliquant le pourquoi du lien entre le geste et la problématique environnementale.

On pourra dire pour terminer que l'éco citoyen n'est pas un citoyen isolé, il peut ou mieux il doit participer avec les instances de concertation, comme à la vie des associations à tout ce qui se décide pour l'environnement.

Les associations doivent jouer un rôle moteur en ce qui concerne l'information, mais et surtout la formation.

Elles doivent être présentes sur le terrain (reboisement, sensibilisation…), au niveau de l'information audio-visuelle, l'édition de revue….

Les associations jouant un rôle dans la protection de l'environnement ne doivent pas faire beaucoup de bruit, car le bruit est une nuisance, mais se battre pour la sauvegarde d'un environnement sain.
PAR : SALIM DJELOUAT
Source:http://djebel-zouaoui-qacentina.blog4ever.com/blog/lirarticle-240450-1254382.html

jeudi 30 avril 2009

mardi 28 avril 2009

4e édition du semi-marathon de Béjaïa: le sport au service de l'environnement


La quatrième édition du semi-marathon international de la ville de Béjaïa, prévu pour le 1er mai prochain, promet des surprises au grand public sportif national et aux citoyens de la capitale des Hammadites. Les organisateurs de l’AMCB (Athletic Mediterranean Club de Béjaïa) s’attendent, cette année, à une participation record, notamment étrangère. Ils tablent sur un franc succès de la manifestation qui se taille, petit à petit, la réputation de rendez-vous préparatoire incontournable aux spécialistes de la discipline. Selon les prévisions de l’association organisatrice, le seuil de 4 000 athlètes, toutes catégories confondues, sera allègrement franchi cette fois. Des sportifs venant de plusieurs pays étrangers (Kenya, Maroc, Tunisie, France, Hollande, Djibouti…) ont déjà confirmé leur présence sur la ligne de départ le jour J. On s’attend à accueillir, en tout, une cinquantaine de sprinters internationaux. A l’échelle
nationale, des athlètes issus de 24 wilayas du pays se sont également inscrits à cette grand-messe sportive, et la liste reste toujours ouverte jusqu’au 30 du mois en cours. Les grands noms de l’athlétisme algérien seront de la fête, a annoncé le week-end dernier Fateh Haddad, porte-parole de l’AMCB.
A l’échelon local, des clubs domiciliés dans 34 communes sur les 52 que compte la wilaya se préparent aussi à faire leurs premières armes dans un challenge d’un aussi haut niveau. La wilaya, la mairie, la direction de la jeunesse et des sports, la ligue d’athlétisme, et des sponsors privés ont répondu à l’appel pour subventionner la compétition qui constitue, en elle-même, un grand événement de la vie publique locale. Une large campagne de sensibilisation et de vulgarisation de la compétition a été entamée au mois de mars dernier. Les promoteurs de ce rendez-vous bougiote de la course à pied exploitent toutes les joutes qui s’organisent çà et là pour faire la publicité de cette manifestation en touchant un maximum de clubs et d’organisations sportives aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Même si les gros moyens font encore défaut pour diffuser des spots à la télévision et publier des encarts publicitaires dans la presse spécialisée, les organisateurs ont réalisé un travail remarquable en faisant le meilleur usage des ressources disponibles. Dépliants, affichettes et correspondances écrites comptent parmi les supports utilisés pour gagner la sympathie des participants et celle du public. On compte même éditer, pour cette fois, une revue qui va restituer toutes les péripéties de la manifestation, en insistant sur sa portée profonde. L’encouragement de la pratique sportive, la promotion des potentialités touristiques et culturelles de la région ainsi que la sensibilisation des citoyens aux questions écologiques et environnementales comptent parmi les objectifs essentiels tracés par l’AMCB et ses partenaires institutionnels et privés. Une éthique qui lui a déjà valu la reconnaissance du mouvement sportif local et la satisfaction des participants aux précédentes éditions. L’an dernier, pas moins de 3 505 athlètes (dont 157 femmes) ont animé avec succès la troisième édition. Il y a eu 400 de plus par rapport à l’année précédente. Cet intérêt grandissant laisse entrevoir un avenir meilleur à ce semi-marathon qui s’impose, désormais, comme un événement majeur de la chronique locale. Toute cette dynamique, créée autour de la manifestation, est certainement bénéfique à la relance des vocations (touristique, artisanale et culturelle) de la ville côtière de Béjaïa. Le challenge mérite, à ce titre, toute l’attention des pouvoirs publics et des entrepreneurs de la région. Ils doivent absolument s’impliquer pour accompagner le développement de cette manif sportive qui prend de l’ampleur chaque année.
K.A
Source:www.latribune-online.com/suplements/culturel/15780.html